C’est en préparant la rentrée que le personnel du RockStore est tombé par hasard sur Cram (Anagramme de Marc, son véritable prénom), ancien étudiant de Montpellier.
Celui-ci était caché sous la scène de la boite de nuit depuis juin 1988.
Viré de la boite dans un premier temps, car il y était entré avec une bouteille de bière venant de l’extérieur, il était revenu quelques minutes après avec une nouvelle canette.
Il faut dire qu’à cette époque folle, la vente d’alcool était encore possible après 22h dans les épiceries de nuit de la ville.
Fanfaronnant avec sa bière au milieu de la piste de danse, et surtout sur la scène, il s’était fait rapidement repérer par les videurs.
En quelques secondes, toute l’équipe de sécurité de la boite s’était mise à sa poursuite.
Pendant plus d’un quart d’heure les videurs poursuivirent Cram, des toilettes aux comptoirs, des comptoirs au flipper de l’entrée jusqu’à ce qu’ils soient persuadés qu’il avait fini par sortir.
Sauf que depuis ce week-end nous savons qu’il n’en fut rien.
Cram, pris par la panique, s’était réfugié sous la scène au fond de la salle.
Cachette où il est resté pendant plus de 35 ans.
Se nourrissant exclusivement d’insectes ou de restes de sandwichs abandonnés par les groupes venant se produire.
Avec la climatisation installée en 90 toute l’eau nécessaire à sa survie était à sa disposition via un circuit qu’il avait détourné.
Ainsi, Cram s’était constitué tout un écosystème pour pouvoir échapper aussi longtemps à ses poursuivants.
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Il faut dire qu’il les avait assimilés à des militaires, dans son délire de jeune étudiant passablement atteint par divers psychotropes. Soldats qui l’auraient retrouvé suite à sa décision de ne pas se présenter à sa convocation pour effectuer son service militaire.
Aussi quand Cram a appris que ce service avait été supprimé par Jacques Chirac en 1997, il a d’abord éclaté de joie.
Avant de se mettre à pleurer en réalisant que Chirac avait été président de la république.
Puis il a demandé des nouvelles de son DEUG d’histoire, dont il devait avoir les résultats après sa fameuse soirée, et de sa 4L qui était mal garée sur le boulevard du Jeu de Paume.
Depuis sa sortie, Cram est accompagné à l’hôpital la Colombière par le professeur Granpier, spécialiste des traumatismes psychologiques exceptionnels.
Placé en observation, on lui annonce avec parcimonie les bonnes et les moins bonnes nouvelles qui ont émaillé les décennies qu’il n’a pas connues.
La victoire de la France en 1998, la mort de Michael Jackson, l’interdiction de fumer dans les lieux publics ou encore l’existence d’Hanouna sont autant d’événement qui pourraient, selon le Professeur Granpier, plonger Cram dans un état qui pourrait s’avérer dangereux pour sa santé mentale.
